La boîte à morse (Carignan 2017) – 1

Cette boîte « magique » a été mise au point durant l’année qui a suivi la mini-chasse au trésor de Troyes en 2016. Traditionnellement, c’est l’équipe gagnante qui prépare la chasse au trésor de l’année suivante, et je me suis retrouvé avec Alias (localisé à Chartres) chargé d’imaginer les futures énigmes. Créer une chasse au trésor, c’est relativement facile quand elle se déroule dans une grande ville au patrimoine renommé. Mais la chasse au trésor de 2017 devait se dérouler à Carignan, près de Charleville-Mézières dans les Ardennes ! En explorant cette ville et ses alentours avec Google Maps, on se rend vite compte qu’il n’y a pas de cathédrale majestueuse, pas d’hôtels particuliers flamboyants construits par des amis de Louis XIV, pas de centre-ville pittoresque rénové avec les crédits d’un élu local bien placé, pas de trésor rare exposé dans un magnifique musée… Non… Carignan est une petite ville de province, qui en plus se trouve près d’une frontière impliquée dans tous les conflits (guerres au XVIe siècle, rasée après la guerre de 30 ans, guerre de 1870, guerre de 1914, détruite à 90 % en 1940…) et les seuls ouvrages connus sont ceux de la ligne Maginot situés à plusieurs kilomètres. Mais Carignan est « une ville de la Chouette » (codée en morse dans l’énigme 500), on ne pouvait pas renier nos traditions ! L’organisation du jeu de piste ne semblait donc pas facile… Allait-on faire courir les joueurs entre le magasin d’optique, le bar-tabac et la boulangerie-pâtisserie ? C’est pour essayer de pallier ce manque de curiosités locales que j’ai imaginé des « attractions » qui retiendraient l’attention des participants au milieu de la grisaille ambiante.

Fort heureusement, au cours de l’année précédant la Chouette Fête, il est apparu que la ville de Carignan pouvait devenir attrayante pour organiser une chasse au trésor, Mon compère Alias (qui avait déjà composé une première version des énigmes sur le papier) a contacté la mairie, qui l’a mis en contact avec une association, le CHAY (Cercle Historique & Artistique Yvoisien). Grâce à son président chaleureux et dynamique, et avec la complicité de ses amis, il a été possible d’emprunter un parcours historique passant par les anciennes fortifications et les bastions des XVIe et XVIIe siècles. Et cette mini chasse au trésor s’est terminée en beauté dans la vaste casemate souterraine du bastion d’Orléans, à la lueur des flambeaux, au milieu de vestiges historiques.

Bref, j’avais prévu de fabriquer 3 boîtes étonnantes, inspirées par les thèmes des énigmes de la Chouette d’or, dans le style steam punk. Mais 2 seulement ont été terminées à temps.


Prototype de la « boîte à morse »

Dans l’énigme 500 de la Chouette d’or, on découvre la ville de Carignan dont le nom est codé en morse : 2424-42-424-44-224-24-42-24.

Au départ, j’avais imaginé une boîte contenant des afficheurs montrant des 2 et des 4. En faisant basculer des interrupteurs (tumblers vintage), on aurait composé un code fourni dans une énigme précédente. Et la boîte aurait émis un son correspondant aux lettres du mot à trouver. Bien sûr, les mauvaises combinaisons auraient aussi fourni des mots « plausibles » pour éviter que des petits malins ne testent tous les mots pour sélectionner ceux qui les arrangeaient. Il fallait également que la boîte soit simple à utiliser. C’était le cas, puisqu’il suffisait de basculer le bouton marche-arrêt et d’actionner les touches de codage. La suite de sons se déroulait automatiquement, sans avoir à toucher à autre chose. Si plusieurs équipes se succédaient, il n’était même pas obligatoire d’éteindre la boîte (alimentée par une batterie de 5 volts à sortie USB, utilisée pour charger les smartphones).

Mais ce premier système présentait plusieurs défauts :

  • Si l’on utilisait des interrupteurs « tumbler » à deux positions, ces interrupteurs seraient restés en place après le passage d’une équipe de joueurs, et l’équipe suivante n’avait plus rien a faire, sinon à écouter le mot trouvé par leurs concurrents.
  • J’avais prévu que les équipes (de 4 joueurs maximum) passent les unes après les autres. Le son était diffusé à un faible niveau, seules les personnes autour de la boîte pouvaient en profiter. L’équipe suivante arrivait ensuite pour tenter sa chance.

Pour remédier au premier défaut, j’ai choisi d’utiliser des interrupteurs à poussoir qui revenaient donc automatiquement à leur position d’origine, effaçant ainsi la combinaison trouvée par une équipe. Pour actionner un poussoir, on exerce une force verticale (si la boîte est posée à plat. Cette force contribue à maintenir la boîte en place sur une table. Si l’on avait utilisé des tumblers, la force exercée pour les actionner aurait fait glisser la boîte (légère) sur la table. Les poussoirs optimisaient donc la stabilité de la boîte :o)

Le deuxième défaut (son audible à proximité) a été neutralisé un peu par hasard. Après les premières expérimentations d’une boîte qui disait « A, B, C, D… », je me suis rendu compte qu’il existait des ambigüités entres les sons « F et S », « B et P », « D et T ». Il était possible de diffuser l’alphabet phonétique de l’OTAN. Mais il était bien plus judicieux de créer des tonalités en morse qui « passaient » mieux en milieu bruyant, et qui ajoutaient opportunément une difficulté supplémentaire au décodage. Ca tombait d’autant mieux, puisque le code morse était utilisé dans l’énigme 500 de la Chouette. J’ai donc créé des fichiers mp3 de « lettres en morse » à partir des sons fournis aux radioamateurs sur internet. Cela a permis de sauver la mise au dernier moment ! En effet, la chasse au trésor a démarré sur le lieu d’hébergement des chouetteurs situé à quelques kilomètres de Carignan, et la boîte à morse était utilisée pour cette première énigme ! Comme la première partie de l’énigme n’était pas très difficile (les joueurs étant assis autour de tables proches), tout le monde s’est retrouvé rapidement autour de la boîte pour écouter en choeur le code morse ! Ce n’était pas prévu comme ça au départ ! Si la boîte avait diffusé « tango, alfa, lima, alfa… », l’épreuve n’aurait duré qu’une minute. Mais comme la boîte diffusait « ta, tita, titatiti… », il fallait tendre l’oreille et noter en écoutant plusieurs fois…


Où trouver le matériel pour fabriquer la boîte ?

Pour trouver des accessoires décoratifs steam punk, j’ai fouiné sur le site chinois AliExpress, dans la rubrique Composants pour Fabrication de Bijoux. Ensuite, il a fallu trier pour trouver des cabochons ronds et ovales, des engrenages, des supports de cabochons et des perles dorées en forme de chouette ou de forme géométrique. Pour le reste, j’ai visité les magasins de loisirs créatifs pour trouver la boîte en bois, des papiers de différentes couleurs, de la colle, des gros clous décoratifs, de la peinture dorée en spray et des fils d’aluminium colorés.

J’ai commandé les composants électroniques et les interrupteurs sur AliExpress.


Installation sur le terrain

La boîte étant autonome (alimentation par batterie de 5 volts), il était possible de la placer n’importe où. Le niveau du son avait été réglé sur ‘faible » car il n’était pas prévu qu’une dizaine de personnes se placent autour de la boîte. Heureusement, les tonalités du signal en morse pouvaient traverser les océans en restant exploitables malgré les brouillages. Grâce à cette propriété, tout le monde a pu percevoir les titi tata dans le calme ambiant du parc de l’Ermitage de Saint-Walfroy.

 


(à suivre…)